Région Lorraine
Département des Vosges
Introduction
ou les origines de la famille Bisval
 
J'ai toujours été attiré par l'Histoire, l'histoire de notre pays, de notre culture et du monde en général. En a découlée la curiosité que j'ai pour l'histoire de mes ancêtres. D'où venaient-ils, que faisaient-ils et qui étaient-ils?
 
J'ai la chance d'avoir un patronyme rare et d'en connaître l'oriqine grâce à quelques écrits et aussi parce que je suis né à quelques kilomètres de la souche originelle. Ma famille n'ayant émigré en dehors du département des Vosges qu'à la fin du siècle dernier (je parle du XXème siècle... déjà). Les écrits (presque tous des manuscrits) datent, pour la plupart, de la première moitié du XXème siècle. Ils y décrivent, notamment, la vie qu'avaient nos aînés dans le Sud-Ouest des Vosges, au carrefour des 3 Provinces (Champagne, Franche-Comté, Lorraine), aux limite de la Vôge, et surtout comment s'est développé au XVème siècle, une région qui avait été conquise par les Romains et desservie par de nombreuses sources en premier lieu celle de la Saône localisée à Vioménil, mais depuis longtemps délaissée. Il s'agissait de l'arrivée des maîtres verriers immigrés de Bohême-Moravie (une région de la Tchéquie actuelle) fief du bon roi René et terre d'Empire, à la demande dudit René II. Ayant eu une conversation avec un érudit d'Harroué, il se peut que ces maître verriers viennent précédemment des Provinces-Unies, les Pays-Bas Espagnols, bref la Belgique actuelle, qui était aussi terre d'Empire, ce qui permettait les migrations.
 
Il les a donc fait venir pour des raisons politiques et économiques.
Politiques tout d'abord : des conflits éclatent entre les des ducs de Bourgogne et de Lorraine. Et la région des 3 Provinces est en première ligne. En effet, le duc de Bourgogne aimerait rattacher ces terres du nord avec celles du sud, en conquérant la Lorraine, pour recréer la Lotharingie du fils de Charlemagne... Pour stabiliser ce bout de terre aux confins de la Lorraine, le duc René II consolide sa présence en y installant ces fameux immigrés, les exonérant par la même d'impôts trop lourds et de devoirs militaires, tout en les protégeant, ces droits et devoirs étant héréditaires.
 
Raisons économiques ensuite : la région regorgeait des matériaux nécessaires à la nouvelle économie qu'est la fabrication du verre plat et pour s'y développer correctement : une forêt gigantesque, des sources d'eau pure, des roches gréseuses pour le sable et une fougère à foison. C'est donc vers 1475 que les familles Tysac, Thiétry, Hennezey et Briseverre (principalement) s'installèrent dans la Vôge.
 
Ces patronymes étaient ceux des maîtres verriers qui ont vite été anoblis et purent s'intégrer facilement dans cette contrée vosgienne. Les "Hennezey" sont devenus les "Hennezel" puis "de Hennezel", ainsi que les "de Thiétry", "de Thysac"... et "de Briseverre" qui deviendra "de Bisseval". Je pense que ce dernier nom ne devait pas être un patronyme d'origine tchèque mais probablement trouve-t-il son origine par le métier exercé dans le verre : "celui qui brise le verre", ou "celui qui fabrique le verre"... Les "de Briseverre ne devaient pas être la famille la plus influente : le patronyme ne revenant que rarement dans les traités commerciaux ou autres correspondances avec le duché, mais suffisamment importante pour y être citée. En tout état de cause, elle avait sa propre verrerie - tout du moins un four - car un lieu-dit existe encore : Briseverre se situe dans la forêt domanial du village de Hennezel (lui-même issu de la famille éponyme).
 
A l'époque, comme chacun le sait, peu de personnes savaient écrire. Les rares lettrés étaient le plus souvent issus du clergé ou de la magistrature. Les notaires ou tabellions établissaient les actes de propriétés entre autres et écrivaient les noms de familles comme on le leur prononçait. Pour ceux qui connaissent l'accent lorrain-vosgien-franc-comtois du coin, il est aisé de deviner comment le mot briseverre pouvait être prononcer en exagérant la prononciation. Car ce patronyme est un des rares de cette époque à avoir subi un changement plutôt radical. En effet, il est passé de l'écrit "de Briseverre" à "de Bisseval" en une seule génération. Mais probablement qu'oralement, il a dû passer par des étapes successives telles que "brisevoûare", "brisevoire", "briseval" et "bisseval". Ces formes de noms apparaissent par-ci par-là dans quelques écrits et se rapprochent tellement qu'il doit bien s'agir du même patronyme. La forme "brisonale" a aussi été lue. Comme je le disais, ce qui est frappant est que l'écriture du patronyme a changé - a priori - sur un seul même acte : le mariage en 1556 de Nicolas du Houx (nouvel arrivant) avec Judith de Bisseval, fille de ... Jehan de Briseverre !
 
Au moins, il n'y a pas de doute possible quant à savoir l'origine du nom. Enfin, le nom, avec le temps, perdra sa particule bien avant la Révolution française et se transformera définitivement en "Bisval".
 
A l'heure actuelle, il me manque le lien entre Judith de Bisseval en 1556 et Jean Bisval né en 1685. Le XVIIème siècle a été marqué dans la région par la guerre de Trente Ans et le passage de la soldatesque française et suédoise qui ravagea le sud-ouest vosgien. Les registres paroissiaux manquent cruellement, seule la bourgade de Châtillon-sur-Saône a sauvé ses registres.
 
Pour le moment, ce sont les seules informations dont je dispose. C'est un bon début mais je pourrais remonter plus loin encore si je pouvais retrouver des ouvrages sur la verrerie pratiquée dans la région. La dernière verrerie subsistant aujourd'hui est celle de Passavant-la-Rochère située en Haute-Saône juste à côté de celles des Vosges.
 
N'ayant pas d'autres renseignements, avançons dans le temps pour en venir au "patriarche" comme je le nomme, Jean Bisval. Pourquoi le patriarche ? Parce que toutes mes recherches sur mes ancêtres sont irrémédiablement revenues à lui. Toutes les branches descendantes (à 99%, on n'est jamais sûr à 100%) ont la même source : lui. Comme si, à son époque, il avait été le seul et dernier à pouvoir transmettre le nom. Responsabilité qu'il a assuré avec brio entre parenthèses. Si ce qui doit être le cas. Alors, est-il né de père Bisval ou d'une fille-mère Bisval. Pourquoi n'a-t-il pas la particule "de" comme ses cousins "de Hennezel", "du Houx"... fils bâtard ? Le comte d'Hennezel ayant rencontré par hasard ma mère qui était correspondante de presse et qui couvrait un événement dans la région, la famille d'Hennezel ayant "émigré" dans le sud de la France et s'étant déplacé pour ledit événement, s'étonnait que le nom "Bisval" fût encore employé de nos jours... c'est pour dire !
 
Pour le reste, l'histoire de la famille Bisval se trouve dans la généalogie qui suit, celle des descendants de Jean Bisval, né en 1685 près d'Attigny dans les Vosges, époux de Jeanne Lallemand et père de 6 enfants : 4 filles et seulement 2 garçons mais qui ont réussi à avoir une postérité suffisante pour perpétuer le nom.
 
En ce qui concerne les "de Briseverre", la seule information en ma possession est celle qui fait mention du mariage de Judith de Bisseval avec Nicolas du Houx et l'ascendance de ce dernier. Cette petite généalogie ascendante est intéressante : on peut connaître les familles de gentilshommes verriers exerçant dans la région du XIVème au XVIème siècles.
 

Bonne lecture et bonnes recherches.

Arnaud Bisval.

 

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